Il fu Mattia Pascal, Luigi Pirandello

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L’auteur

 

pirandello

 

Luigi Pirandello est né à Agrigente (Sicile) en 1867, dans une famille très aisée. Il s’installe à Rome en 1891 et se marie en 1894. Il investit l’argent de son épouse dans une mine mais suite à une inondation, la famille est ruinée. Cet événement plonge sa femme dans la folie. Pirandello est alors professeur dans une institution pour jeunes filles et il vivra ensuite de sa production littéraire. Il devient célèbre puis connaît la consécration en 1934, lorsqu’il reçoit le Prix Nobel de littérature. Son œuvre est d’une grande diversité : nouvelles, romans, et de nombreuses pièces de théâtre.

 

 

Il fu Mattia Pascal – Feu Mattia Pascal

 

 

il fu Mattia PascalMattia Pascal vit dans un village de Ligurie avec sa mère et son frère Roberto. Tous trois mènent une vie aisée, grâce aux biens laissés par le père. Mattia Pascal promène sa paresse dans le village et à la bibliothèque où il exerce un travail peu prenant. Malheureusement, la mère a confié la gestion du patrimoine à un administrateur malhonnête qui détourne l’argent de la famille, dont la situation se dégrade rapidement.

Mattia Pascal est un antihéros : il se présente lui-même comme un homme laid, souffrant de strabisme. Il est également paresseux, il subit toujours et ne décide rien. Il finit par épouser Romilda, parce qu’elle est enceinte. Il n’est pas amoureux d’elle et n’est même pas sûr d’être le père de l’enfant. C’est le début pour Mattia Pascal d’une vie terne et triste, entre la mort de ses deux enfants en bas-âge, les difficultés financières et celles que lui pose sa belle-mère.

Après une nouvelle dispute de famille, il quitte soudainement le village. Il se rend à Nice, puis à Monaco où il joue au casino et gagne une petite fortune. Se sentant favorisé par le sort, il décide de rentrer chez lui, mais dans le train qui le ramène en Ligurie, il prend connaissance dans le journal de l’annonce de la mort de Mattia Pascal : son corps a été retrouvé dans une rivière qui traverse le terrain familial, puis identifié par ses proches.

Mattia Pascal saisit cette occasion pour prendre une nouvelle identité et recommencer une nouvelle vie dans laquelle il espère être enfin libre, d’autant qu’il est désormais riche. Sous le nom d’Adriano Meis, il commence à voyager en Italie, mais se trouve confronté aux difficultés de sa nouvelle vie. En effet, il se rend compte que sans papiers, il lui est impossible de vivre : il ne peut même pas adopter le chien dont il rêve. Adriano Meis finit par s’installer à Rome dans une pension de famille, mais là non plus, il ne peut mener une vie libre. Amoureux de la fille du propriétaire de la pension, il ne peut concrétiser ses projets qui se heurtent à sa situation clandestine. De même, lorsqu’il est victime d’un vol, il ne peut porter plainte…

Finalement, Adriano Meis décide de rentrer chez lui et de redevenir Mattia Pascal. Mais il est mort et déclaré comme tel …

« Il fu Mattia Pascal » est un roman en partie autobiographique que Pirandello a publié en 1904. L’action se déroule à la fin du XIXème siècle. Grand classique de la littérature italienne, le roman de Pirandello s’articule autour du thème de l’identité, sociale notamment. Le mensonge, la dissimulation, l’hypocrisie des relations sociales y sont mis en évidence. Pirandello s’interroge sur la condition humaine et nous montre que l’homme essaie de se conformer à la vision que les autres ont de lui, mais qu’au fond, il ne sait pas qui il est vraiment.

En ce qui concerne l’écriture, la langue est désuète, ce qui rend la lecture un peu difficile en italien. On rencontre quelques formes anciennes, comme cette lettre aujourd’hui disparue de l’italien moderne, le i-long (« la i lunga ») que l’on retrouve par exemple dans « la jella » (la sfortuna : la malchance). De même, certains termes ne sont plus usités aujourd’hui. Je conseille donc plutôt la version française.

feu Mathias Pascal

Côté film, la transposition cinématographique de « Feu Mattia Pascal » est très ancienne. Un téléfilm a été tourné pour la télévision italienne en 1985, que l’on peut trouver facilement sur You Tube, sous le titre « Le due vite di Mattia Pascal » : https://www.youtube.com/watch?v=0HY0ng8cK-k. Malgré la présence de Marcello Mastroianni, je ne l’ai pas trouvé très intéressant, car il a été transposé aux années 80 et s’éloigne à de nombreuses reprises du roman. Cela prouve néanmoins que le sujet est éternel. A quand donc une nouvelle version de « Feu Mattia Pascal » ?

Il fu Mattia Pascal, Luigi Pirandello, Oscar Classici moderni, Mondadori, 2001, 240 p.

Feu Mattia Pascal, Luigi Pirandello, traduit de l’italien par Alain Sarrabayrouse, GF Flammarion, Paris, 1994.

 

Livre lu en VO dans le cadre du challenge Il viaggio, du challenge Italie 2015, du challenge Leggere in italiano et du challenge Un classique par mois.

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Challenge un classique par mois

 

 

Una mutevole verità, de Gianrico Carofiglio

L’auteur

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Né à Bari en 1961, Gianrico Carofiglio a longtemps travaillé comme magistrat sur des dossiers relatifs à la criminalité organisée. Il est également consultant au sein de la commission parlementaire antimafia depuis 2007, et a été sénateur de 2008 à 2013.

Gianrico Carofiglio a publié son premier roman en 2002, « Testimone inconsapevole / Témoin involontaire », créant le personnage de l’avocat Guido Guerrieri que les lecteurs ont pu retrouver dans quatre autres romans : « Ad occhi chuisi / Les yeux fermés », « Il passato è una tierra straniera/ Le passé est une terre étrangère »,  « Ragionevole dubbi / Les raisons du doute » et « Le perfezioni provvisorie / Le silence pour preuve ».

Carofiglio a également écrit d’autres romans, ainsi que des essais et nouvelles. Il a reçu de nombreux prix littéraires, et a été finaliste du Prix Strega 2012 pour son roman  « Il silenzio dell’onda / En attendant la vague ». Très populaire en Italie, ses livres sont maintenant traduits en 24 langues.

 

 

Una mutevole verità

 « Une vérité changeante »

 

una mutevole verità« Une vérité changeante » n’est que la traduction littérale que je vous propose du titre du dernier roman de Gianrico Carofiglio qui n’a pas encore été traduit en français. « Una mutevole verità » est en effet sorti en Italie en juin dernier, et je me suis laissée tenter par ce roman, d’une part, parce que je lis régulièrement les livres de Gianrico Carofiglio que j’apprécie beaucoup, et d’autre part, parce qu’en cette journée pluvieuse de vacances, le dernier roman de Carofiglio se vendait comme des petits pains, l’auteur ayant beaucoup de succès en Italie et j’ai donc suivi le mouvement…

« Una mutevole verità » n’est pas un nouvel épisode de la série de l’avocat Guerrieri, mais Carofiglio nous propose un nouveau personnage : Pietro Fenoglio, un carabinier d’une quarantaine d’années, que l’on peut comparer à un lieutenant de la gendarmerie. Ancien étudiant en lettres, c’est un personnage ordinaire, qui ne souffre d’aucune des addictions propres aux policiers récurrents des polars actuels. Piémontais d’origine, l’homme travaille à Bari, dans les Pouilles, et l’intrigue s’y déroule en 1989. Fenoglio fait équipe avec Montemurro, un stagiaire qui aspire à autre chose que résoudre des enquêtes policières.

Fenoglio travaille sur le meurtre d’un homme qui a été retrouvé égorgé dans son appartement. Un enquête de voisinage permet rapidement d’établir la culpabilité probable d’un jeune homme. Mais Fenoglio refuse de s’arrêter aux apparences qui condamnent d’emblée le fils Fornelli : le cas est trop simple ! Il pense qu’il faut construire une histoire vraisemblable à partir des indices dont il dispose, puis la confronter à la réalité et en explorer les différentes pistes.

L’intrigue est mince, et l’auteur s’arrête davantage sur les états d’âme de l’enquêteur qui, à la recherche de la vérité profonde, doute encore et toujours, et ne veut pas se contenter d’une solution facile. L’auteur établit d’ailleurs un parallèle avec le travail de l’écrivain à cet égard.

Or, si le cas est banal, facile, la véritable solution ne l’est pas moins. Car le lecteur devine rapidement qui est en réalité coupable du meurtre. « Una mutevole verità » n’est pas le meilleur livre de Carofiglio, loin s’en faut.  Mais on y retrouve l’écriture claire et fluide de l’auteur, ce qui est un plus quand il s’agit de lire en VO !

Una mutevole verità, Gianrico Carofiglio, Einaudi, Torino, juin 2014, 118p.