L’auteur
Né en 1958 à Naples, Maurizio de Giovanni, d’abord banquier, est devenu l’auteur de nombreux romans policiers. Ses deux séries les plus connues se déroulent à Naples : celle du Commissaire Ricciardi au début des années trente, et celle du commissaire Lojacono, à l’époque actuelle.
Le roman
Le roman de Maurizio De Giovanni a plus que rempli sa mission : me transporter à Naples, loin de notre quotidien un peu angoissant. Pourtant, la situation n’est pas non plus des meilleures en ce début des années trente dans la grande ville parthénopéenne : la chaleur est étouffante, le peuple vaque difficilement à ses occupations pour pouvoir manger, le fascisme s’installe peu à peu.
Le commissaire Ricciardi voit toujours des « choses » : son don malheureux lui impose en effet de voir les morts assassinés ou décédés d’une mort violente, au moment de leur passage de vie à trépas. Et c’est le cas de la Duchesse de Camprino que l’on vient de retrouver dans son palais napolitain, la tête percée d’une balle silencieuse mais fatale. Personne n’a rien entendu, d’une part parce qu’un coussin maintenu contre le visage de la victime a atténué le bruit de la détonation, mais aussi parce qu’une grande fête populaire battait son plein dans le quartier.
L’enquête s’oriente aussitôt vers Capece, un journaliste connu qui était l’amant de la Duchesse : celle-ci vivait en effet de façon indépendante, sans se préoccuper de son époux, le vieux Duc de Camprino, malade et alité depuis longtemps. Ricciardi se met aussitôt au travail, aidé du brigadier Maione qui, fâché contre sa femme, entame un régime, se privant ainsi des plats délicieux de celle-ci.
Ricciardi a quant à lui la surprise de rencontrer la très belle Livia Lucani qui lui annonce qu’elle vient passer de longues vacances à Naples, dans le seul but de faire plus ample connaissance avec lui. Mais le commissaire reste attiré par la douce Enrica Colombo qu’il continue à contempler chaque soir par la fenêtre. Jusqu’à ce qu’il se rende compte que la famille Colombo reçoit un jeune homme qui se comporte comme un prétendant…
Tome après tome -il s’agit ici du troisième-, la série des enquêtes du commissaire Ricciardi est la certitude d’une lecture agréable et prenante et d’un voyage dépaysant à Naples dans une période historique troublée. Outre l’enquête en elle-même, les interrogations du commissaire Ricciardi sur sa vie sentimentale prennent ici de l’importance : il ira jusqu’à remettre en question la décision qu’il avait prise de ne pas imposer à une femme la malédiction dont il est l’objet. Il y a enfin l’aspect historique avec la montée du fascisme que l’on sent plus présent que dans les tomes précédents. La recette de Maurizio de Giovanni fait donc appel à de multiples ingrédients, une intrigue policière, des éléments historiques et sociaux, un peu de fantastique, de l’humour, des sentiments, le tout servi par un style fluide et une construction dynamique. Mes prochains achats, sans aucun doute, seront « L’automne du commissaire Ricciardi » et « L’hiver du commissaire Ricciardi ». C’est donc par une excellente lecture que je début le mois italien !
L’été du commissaire Ricciardi, Maurizio De Giovanni, traduit de l’italien par Odile Rousseau, Rivages/Noir, 2014, 405 p.
Il posto di ognuno, l’estate del commissario Ricciardi, Maurizio de Giovanni, Einaudi, 2013, 325 pp.