Il bacio del pane, Carmine Abate

L’auteur

 

Carmine Abate est un écrivain italien, né en 1954 à Carfizzi, en Calabre. Diplômé en lettres de l’université de Bari, il a d’abord enseigné en Allemagne, puis est rentré en Italie et s’est installé dans le Trentin. Il a écrit de la poésie, des romans et des nouvelles et a gagné plusieurs prix, dont le Prix Campiello en 2012 pour « La collina del vento ». Ses thèmes principaux s’attachent aux traditions culturelles, à l’émigration et au retour des émigrés italiens dans le sud de l’Italie, ainsi qu’à la communauté arbérèche -italo-albanaise- dont il est issu. La nature et l’écologie sont également présentes dans son œuvre, traduite en plusieurs langues.

 

Il bacio del pane

 

il bacio del pane

 

Nous sommes en Calabre, à l’est du massif de la Sila, non loin de la côte ionienne, dans un village imaginaire du nom de Spillace qui ressemble fort aux petits bourgs des environs, bien réels ceux-là, Pallagorio, Verzino ou encore Carnizzi d’où est originaire l’auteur.

Le début de l’été marque le retour au pays de nombreuses familles qui ont émigré vers le nord de l’Italie ou en Allemagne. C’est un moment très attendu par le principal protagoniste de ce roman, Francesco, un lycéen de dix-sept ans, qui voit comme chaque année grossir sa bande d’amis. La vie est désormais rythmée par les journées passées sur la plage de Punta Alice, puis par les rencontres nocturnes sur la place principale du village, devant le pub, à discuter entre amis jusqu’aux petites heures du matin.

Il fait tellement chaud cet été-là, que lorsque Mauro lance l’idée d’une excursion à la cascade du Giglietto, celle-ci est accueillie avec enthousiasme par la petite bande, bien que l’endroit soit difficile d’accès. Francesco cependant ressent une appréhension : il s’agit du lieu où il a aperçu, lors d’un pique-nique en famille, un homme au regard d’animal blessé ressemblant à un clochard, installé dans les ruines d’un vieux moulin. Francesco avait également entrevu le sac de couchage de l’homme, auprès duquel reposait un pistolet.

La perspective de passer une journée rafraîchissante en compagnie de ses amis, et tout particulièrement de Marta, une très jolie jeune fille, l’emporte sur sa crainte de rencontrer à nouveau l’étrange occupant du vieux moulin. De fait, la journée auprès de la cascade et de son petit lac aux eaux fraîches est une réussite, mais alors que tous se sont assoupis pour la sieste, Francesco constate que Marta n’est plus là. Il part à sa recherche et la trouve en train de parler avec l’homme qui, surpris de voir apparaître Francesco, le menace de son pistolet. Peu après, sans toutefois répondre à la curiosité de Marta, l’occupant du vieux moulin, Lorenzo, fait promettre aux adolescents de ne révéler sa présence à personne.

Quelques jours plus tard, Francesco cède à l’insistance de Marta qui désire apporter de la nourriture à Lorenzo et au jeune chien qui l’accompagne. Le manège se répète et à chaque fois, Marta essaie d’en savoir davantage sur les raisons qui obligent Lorenzo à se cacher près de la Cascade du Giglietto. Les choses se gâtent lorsque les amis de Marta et Francesco décident d’aller passer une soirée et une nuit sous la tente, auprès de la cascade…

Carmine Abate signe un court roman d’initiation qui fait appel aux valeurs universelles que sont l’amour, l’amitié, la solidarité, la famille. Il évoque ici des thèmes essentiels, l’émigration, l’importance des racines et le retour à la terre natale, mais aussi la lutte contre la criminalité, et plus particulièrement la mafia. De leur rencontre avec Lorenzo, les protagonistes sortiront mûris. Cet été marque en effet la fin de l’enfance de Marta et Francesco, de par leur prise de conscience des injustices, mais aussi parce qu’ils éprouvent les premiers émois de l’adolescence puis, rapprochés par leur secret, un véritable amour.

Outre les belles descriptions de la nature luxuriante, le roman tout entier est parfumé de l’odeur du pain chaud, symbole du travail acharné et quotidien. Dans certaines régions du sud de l’Italie, embrasser le pain est une tradition, comme nous l’explique l’auteur. On ne jette jamais le pain, même s’il est tombé par terre. Pour faire le pain, il faut du temps, de la force, du travail : le pain est la vie.

« Il bacio del pane » est un joli roman au récit linéaire, à l’écriture fluide et assez simple, parsemée de quelques mots de dialecte calabrais, mais facile à lire en VO. En effet, l’avant-dernier roman de Carmine Abate n’a pas encore été traduit en français.

 

Il bacio del pane, Carmine Abate, Oscar Mondadori, Bestsellers, Milano, 2013, 173 p.

 

Livre lu dans le cadre du challenge Il viaggio d’Eimelle et du challenge Leggere in italiano, ici.

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