La concession du téléphone, Andrea Camilleri

la concession du téléphoneNous sommes à Vigatà, localité imaginaire de Sicile, en 1891. Genuardi Filippo, négociant en bois, est friand de nouveautés. Il désire obtenir la concession d’une ligne téléphonique à usage privé, et envoie donc un courrier administratif en bonne et due forme au préfet de Montelusa. Un mois après, n’ayant pas reçu de réponse, Genuardi Filippo réitère sa demande tout en excusant très poliment l’administration pour ce qu’il considère comme un banal retard. Une démarche qu’il renouvelle encore un mois plus tard, en y mettant les formes les plus soignées afin de se faire pardonner d’oser importuner l’administration !

En octobre, notre homme finit par recevoir un courrier lui indiquant qu’il doit s’adresser à l’administration des postes et télécommunications, seule compétente en la matière. Mais le préfet ne se contente pas de répondre. En effet, piqué par l’insistance mielleuse de Filippo et par son opiniâtreté à écorner son nom de famille –faute répétée qui selon le préfet ne peut qu’être le fruit d’une volonté sournoise de se moquer ou de sous-entendre on ne sait quoi-, s’interroge sur les motivations réelles de Genuardi Filippo et adresse un courrier en haut lieu afin d’attirer l’attention sur cet individu désormais suspect.

C’est ainsi que les choses s’enchaînent, puis s’emballent. Tous s’y mettent, police, carabiniers, et bien sûr la mafia ! L’intrigue se déroule sous la forme d’échanges épistolaires entre les différents protagonistes de l’affaire. Les quiproquos sont savoureux et les rebondissements nombreux. Camilleri joue de son imagination très fertile, et s’amuse en pastichant le langage très formel d’usage -encore aujourd’hui d’ailleurs- dans les administrations italiennes !

Cette lecture fut un vrai régal, comme souvent avec Camilleri, mais je dois dire que je me suis amusée tout particulièrement en repensant à certains démêlés que j’ai pu avoir avec des administrations, comme nous tous, et cela m’a fait du bien de m’en moquer, par livre interposé !

 

La concession du téléphone, Andrea Camilleri, traduit de l’italien par Dominique Vittoz, Fayard, Paris 1999, 283 p.

 

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